Immersion au pays Toraja pour un voyage hors des sentiers battus en Indonésie

Immersion au pays Toraja pour un voyage hors des sentiers battus en Indonésie

Au nord de l’archipel des Célèbes, une tribu montagnarde a gardé un art funéraire dont la renommée a retenti dans le monde entier : un voyage dépaysant aussi bien que captivant au pays Toraja, où le regard se détache du banal quotidien et s’ouvre sur d’autres horizons de traditions et de croyances.

Partez en immersion au pays Toraja et découvrez les richesses culturelles de ce peuple des montagnes.

Une civilisation dominée par l’idée de la mort

Les Toraja sont connus aux quatre coins du monde pour leur civilisation dominée par la poétisation de la mort. Aux yeux du Toraja, « mourir » ne signifie pas du tout arriver au bout de la vie ou à une fatalité sans issue telle que nous l’imaginons dans notre conception occidentale ; au contraire, c’est le terme du voyage terrestre et le passage à une autre vie, une vie infiniment supérieure. Ainsi, lorsqu’un membre de la tribu trépasse, l’enterrement n’aura pas lieu sur-le-champ. Une série de rituels et d’événements devront être exécutés afin de préparer de manière traditionnelle et solennelle son passage dans l’au-delà.

Pour ceux qui voient dans le voyage une porte ouverte au dialogue culturel, qui souhaitent porter un regard sur l’autre et comprendre sa représentation du monde, partir en Indonésie au pays Toraja – peuple des hautes terres – est une bonne idée.

Les rituels funéraires au pays Toraja

Au cœur des montagnes, le groupe ethnique des Torajas vit en marge de l’Indonésie contemporaine et se complaît dans le respect des coutumes d’un autre âge. Tout intrigue ici le touriste européen et l’incite à la découverte. En arrivant à Makale, la capitale de Toraja, vous serez surpris par le cortège de maisons sur pilotis, au toit recourbé comme une arche et évoquant la corne d’un buffle. Appelées localement tongkonan, ces maisons sont bâties suivant une même orientation nord/sud, aux devantures rehaussées de très beaux motifs géométriques. Remarquez la présence des têtes de coq ou de buffle à chaque pignon de tongkonan. Mais ce n’est pas tout ! La vie sociale est dictée par un code de décence et de pudeur. L’observation des rites funéraires propres à la communauté Toraja vous laissera le souffle coupé.

Lorsqu’un décès survient dans la famille, tous les proches s’occupent de prendre soin du défunt : on le nourrit, on change sa toilette, on lui apporte des cigarettes… C’est tout simplement dans la nature des choses, en douter serait un infâme sacrilège ! La technique de l’embaumement est utilisée afin de ralentir la décomposition du corps. Fait plus surprenant, la mort donnera lieu à de grands moments de liesse populaire. Les larmes, les manifestations de deuil ou de doléances ne sont pas de mise. La famille doit rester unie et accompagner l’entrée du défunt dans un monde meilleur. Il rejoindra sa dernière demeure qu’après des mois, voire plusieurs années. Jusqu’à ce que la famille parvienne à réunir les sommes nécessaires pour rendre hommage au défunt et apaiser son âme par des rites funéraires dignes de ce nom, il sera traité comme une personne « malade » à qui l’on doit soins et attention.

Sacrifices d’animaux

Animal sacré, le buffle est chez les Toraja un attribut de richesse avant d’être une source de richesse. Lors des funérailles, la tradition réclame d’égorger le maximum de buffles ; la place centrale du village se transforme alors en un abattoir à ciel ouvert. Puis les porcs sont abattus à leur tour, sur la foi que les sacrifices des porcs hisseraient l’âme du défunt vers le paradis. Banquet, danses traditionnelles et coupe de sang de buffle termineront la cérémonie. Cela est aux antipodes de nos mœurs occidentales. Au Toraja, les vivants se saignent aux quatre veines pour acheter les buffles qui l’aideront à coups de cornes à gagner le paradis.

L’enterrement proprement dit

Lors du jour J, le corps du défunt reposera dans une grotte creusée dans la falaise. Dans d’autres cavités, des effigies en bois appelées couramment tau-tau sont sculptées à la mémoire du disparu.