Bénin, un voyage culturel à la découverte du Vaudou

Au Bénin, les ethnies et les langues sont nombreuses, les religions et croyances le sont tout autant ! Aux religions traditionnelles, s’ajoutent le catholicisme, le protestantisme et l’islam. Mais il en est une qui transcende toutes celles citées précédemment, c’est le vaudou !

Aujourd’hui, 50 millions d’adeptes se comptent à travers le monde, mais le vaudou est avant tout le culte originel des populations Adja et Yoruba (respectivement originaires du Togo et du Nigeria). Les croyances vaudou se sont exportées outre-Atlantique à l’époque de l’esclavage. Elles y perdurent aujourd’hui, notamment en Haïti, au Brésil et dans toute la Caraïbe. Un voyage au Bénin est l’occasion d’en découvrir les origines, de se familiariser avec cette pratique religieuse encore bien vivante et de se faire une idée plus juste du vaudou, à mille lieues des préjugés terrifiants qui nourrissent l’imaginaire et des poupées à piquer !

Ouvrez l’œil, mais surtout demandez à un guide de vous éclairer, car pour les non-initiés, les fétiches vaudou passent souvent inaperçus. Le panthéon vaudou est peuplé de nombreuses divinités que vous aurez l’occasion de croiser tous les jours lors de votre voyage. Veillez à vous montrer respectueux des croyances et à ne pas porter de jugement : chaque Béninois, qu’il soit adepte ou non, respecte profondément ce culte traditionnel.

De Ouidah à Porto-Novo, zoom sur les sites à ne pas manquer pour un voyage authentique, afin de mieux comprendre la culture des populations béninoises et la réalité des lieux et des sites vaudou.

Suivez le guide pour partir à la rencontre des divinités phares de la religion vaudou : Sakpata, Hevloso, Ogoun, Dangbé, Legba, Fâ et bien d’autres :

A Ouidah, le Temple des Pythons, face à la cathédrale, est un sanctuaire d’adoration vaudou dédié à Dan, pour rendre culte au python, animal protecteur de la ville. Zéro folklore, mais bien une croyance ancrée et respectée. Le temple est empli de pythons royaux. On vous en glissera d’ailleurs forcément un autour du cou, avant-goût du rituel du soir, lorsque les serpents sont lâchés en ville pour se nourrir ! Repérez aussi l’iroko sacré, la jarre de purification ou encore le cimetière. La Forêt sacrée de Kpassè est, quant à elle, un véritable musée à ciel ouvert en plein cœur de ville, qui permet aux non-initiés vaudou de se frotter aux croyances locales, bien que l’on s’en tienne au chemin des statues à l’effigie des dieux. C’est ici qu’au XIV^e siècle, le roi Kpassé aurait disparu avant de se changer en iroko. D’où le caractère sacré de la forêt qui en contient son esprit. (Pour la visiter, contactez Rémi Seglonou : 97 27 95 15)

 À proximité d’Abomey, dans un village de campagne des plus agréables, le temple vaudou d’Adingnigon se situe au même endroit que le sanctuaire Agbalè abritant les divinités toxwio agbalé, ancêtres totémiques de la collectivité qui veillent sur l’harmonie des descendants. Non loin, la basilique vaudou dédiée à Lissa, en forme de caméléon de pierre énorme. Des sites étonnants et bien conservés, des bas-reliefs captivants, une panthère marquante et un guide intarissable : Arimi - 95 31 53 64.

A Dassa, c’est l’occasion de vivre un rituel typique et de partager un bout de croyance béninoise avec la Consultation du Ifabodè Fagbohoun Bassalé. Le fa est une science, un art divinatoire auquel les Béninois accordent une grande importance au quotidien. Ici, c’est l’école d’un fa très respecté, reprise par son petit-fils à son décès. Les gens viennent de loin pour trouver des solutions à leurs problèmes. Des signes émergent dans les graines que le fa jette devant lui avec des incantations. (plus d'informations : 97 40 91 51 / 95 49 65 32). Le site vaudou de Dancoli est dédié à la divinité serpent. Situé en bordure de voie, on s’y rend lorsque l’on est face à un problème et que l’on souhaite de l’aide. On plante alors un pieu en terre. Un Legba à l’entrée assure le gardiennage mystique. De grands drapeaux blancs, synonymes de paix, flottent au vent. Si votre vœu est exaucé, n’oubliez pas de revenir faire des offrandes à base d’huile rouge et de sodabi.

A Porto-Novo, le Musée vaudou Isébayé est un véritable musée des curiosités mis sur pied par Youssoufou, collectionneur passionné, qui ne vit que pour ses objets dont il connaît l’histoire sur le bout des doigts ! Récades, poteries, fétiches vaudou, tissus anciens, timbres, bijoux d’argent... Plus de 5000 pièces s’entassent là ! À noter, une salle dédiée à la royauté, une autre à la colonisation et la reconstitution d’une consultation du fa. La maison aussi vaut le coup d’œil ! (Contact : 61 10 00 35)

Le Bénin est le berceau du vaudou et les adeptes y demeurent nombreux puisque sa pratique reste compatible avec toute autre religion et conserve une très forte influence sur la vie sociale et politique. De nombreux rois et sommités traditionnelles sont consultés et écoutés encore à l’heure actuelle. Il n’est donc pas exclu que vous rencontriez une majesté lors de votre voyage, qu’il faudra saluer comme telle, à l’image du roi Migan 14, dont le palais se tient sur une magnifique place Vodûn réhabilitée au cœur de Porto-Novo. Déambuler dans la ville permet de comprendre l’importance et la place du vaudou dans la société béninoise.

A Porto-Novo, les places traditionnelles vaudou sont incontournables, elles en disent long sur le tissu urbain de la ville autant que sur les traditions des habitants.

Véritables lieux de vie et de convivialité au quotidien, il est impensable de passer à côté ! Pourtant, le voyageur qui n’est pas initié ne les remarque pas : vieilles pierres par-ci, ordures par là, le sacré est invisible...

Longtemps laissées à l’abandon, les places vaudou de Porto-Novo sont aujourd’hui rénovées grâce à Gérard Bassalé, fondateur visionnaire du centre Ouadada, aidé de la coopération décentralisée avec Cergy-Pontoise, mais aussi d’artistes et artisans locaux, qui s’attachent à les sublimer l’une après l’autre, inlassablement, redonnant vie et dignité aux quartiers. Les visites guidées sont essentielles pour saisir l’essence de ces croyances séculaires et avoir la chance d’assister à une cérémonie (95 40 17 14 / www.eclosions-urbaines.com). Trois lieux immanquables :

Les places vaudou de Djihoué & Djissou-Gbogan, affectueusement surnommées places jumelles sont reliées entre elles par un escalier haut en couleurs tout au long duquel prend place une expo d’art contemporain. Elles révèlent désormais toute leur valeur tandis qu’elles sont encore laissées à l’abandon partout ailleurs.

La place vaudou Houngbo-Honto est celle d’une collectivité familiale originaire de Nubie. Très visible avec son crépissage en terre paradant directement sur la voie, elle possède un charme fou avec son iroko et son hysope au centre, en plus d’héberger de nombreuses divinités, parmi lesquelles, Dan, Sakpata ou encore Legba, vénérées dans les petits temples et niches votives éparpillés tout autour de sa cour. Et qui dit autant de divinités dit tout plein de festivités !

La place Gbeloko était, elle, à l’origine une des plus grandes places vaudou de la ville ! Mais sa taille s’est affinée à la création de la place Bayol sur laquelle elle se tient désormais, place majeure où domine Notre-Dame de l’Immaculée Conception. Mais sa plus belle richesse demeure en son cœur : un temple de style afro-brésilien dédié à Gou, dieu du fer et de la guerre. La visite guidée vous permettra de l’approcher pour en admirer ses couleurs et en éprouver sa ferveur.

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 Crédits photos : Laetitia Santos pour Babel Voyage